journal de la Voie du vent
- Ame
- Amour
- Art
- Aurobindo
- Bouddha
- Bouddhisme
- Christianisme
- Cinéma
- Education
- Ego
- Etre
- Grâce
- Hindouisme
- Hugo Martial
- J. Krishnamurti
- Jacques Lusseyran
- Liberté
- Littérature
- Maître Eckhart
- Moyen Âge
- Mythe
- Neale Donald Walsch
- Poésie
- Présent
- Regard
- Réalité
- Révolution
- Surréalisme
- Taoïsme
- Unité
- Ve av. J.-C.
- XIXe
- XXe
- XXIe
- Zen
Le monde commence aujourd’hui
12 novembre 2024
Jacques Lusseyran, Le monde commence aujourd’hui, 1959
4 ?
5 Mary Lizzie Macomber
6 Portrait de Jacques Lusseyran, auteur inconnu
7 ?
Qui suis-je ? La fin de la souffrance.
5 novembre 2024
1 Ramon Gonzalez Teja, 1980
2 Correspondance de Gustave Flaubert à Louise Colet, 1846, sur L’Éternel Retour, film de Jean Delannoy, 1943
3 & 6 Robin Williams dans Hook, film de Steven Spielberg, 1991
4 & 5 Hugo Martial, 2009
Lorsque tu cesses de vouloir porter
16 octobre 2024
J'aimerais tant pouvoir une fois m'abandonner complètement dans les bras de quelqu'un qui me soutient de sa force aimante : cela me permettrait de goûter une fois la détente complète de tout mon être... Mais je n'ai jamais trouvé ces bras-là...", me dit-elle, les yeux emplis de la tristesse d'une vie en laquelle son aspiration n'a jamais pu se vivre.
Avec douceur, je lui dis qu'il est possible qu'elle se dépose dans les bras du Vivant, si aucun être ne peut lui offrir les siens. Elle me demande alors: "Mais où sont-ils ?" Comme elle, d'autres interrogent : "Où sont les bras du Vivant ?" demande celle qui n'a jamais reçu le tendre soutien de la mère. "Où sont les bras du Vivant ?" demande celui qui n'a jamais reçu la force soutenante du père.
"Où sont les bras du Vivant ?" demande celle qui n'a jamais reçu le regard aimant de son compagnon. "Où sont les bras du Vivant ?" demande celui qui n'a jamais reçu l'accueil bienveillant de sa compagne.
Moi-même, j'ai longtemps cru que je ne pouvais me laisser aller, m'abandonner, parce que je ne trouvais pas, en face de moi, celui ou celle qui avait la force, l'amour, la capacité, de me tenir, de me soutenir, de me contenir, de m'offrir cet espace où je pourrais en toute sécurité, me poser, me déposer, me reposer, enfin... Puis, un jour, allongée sur le sol, dans un champ, regardant le ciel, j'ai vu passer toutes mes pensées, et j'ai choisi, juste là, de lâcher toute idée que je dois faire, je dois gérer, je dois porter, je dois tenir bon...
À l'instant même, de tout mon corps, de tout mon cœur, de tout mon être, je me suis laissée aller, je me suis abandonnée sur le sol... De chaque fibre de mes muscles, de chaque cellule de mon corps, je me suis donnée le droit de ne plus me soutenir moi-même, de ne plus rien porter de moi...
Là, pour la première fois de ma vie, j'ai senti les bras du Vivant qui m'entouraient, qui me portaient, me soutenaient, me câlinaient et j'ai entendu la voix du Vivant qui murmurait à mon oreille : "Tu ne peux sentir mon soutien que lorsque tu cesses de te tenir. Tu ne peux sentir que je te porte que lorsque tu cesses de vouloir porter. Tu ne peux sentir que je t'entoure que lorsque tu cesses de me chercher ailleurs qu'en la sensation globale de tout ton corps. Je suis toujours là. Tu es toujours dans mes bras. Depuis toujours. Pour toujours. Pour un instant, perçois-le..."
Issâ Padovani
image : ?
Sur la quête de reconnaisance
4 octobre 2024
Extraits de Vers la lumière, Expérience chrétienne et bouddhisme zen de Jacques Breton, Bayard/Centurion, 1997
Il est nécessaire pour l’enfant d’être reconnu dans son corps, son affectivité, ses facultés.
La reconnaissance est une façon de nous regarder comme de l’extérieur à travers le regard des autres dont nous dépendons, tandis que la véritable connaissance nous vient du fond de nous-même.
En fait, cette reconnaissance que nous attendons des autres touche essentiellement les apparences, l’ego, et va le renforcer. Mais nous ne pouvons attendre d’eux la connaissance du mystère que nous sommes et qui dépasse tout langage.
Notre nature profonde, qui peut nous en parler d'une manière juste tant que nous-même n'en avons pas fait l'expérience ?
.
Ne plus rien attendre des autres jusqu’à ne plus vouloir être rien pour les autres. Qu’importe ce que pense de moi l’autre, puisque la vraie connaissance, je la cherche au cœur de moi-même et ce que pense l’autre de moi ne sera toujours qu’un ersatz, que le côté formel, apparent et souvent déformé de ce que suis réellement.
Le zen m’aide à me détacher du regard, du jugement de ceux qui m’entoure et donc me permet d’exister. Plus j’existerai, plus je me sentirai libre par rapport à l’opinion des autres.
… progressivement l’autre perd sa fonction de miroir et je trouve en moi-même le miroir intérieur qui me renvoie à ma propre image. Face à moi-même je ne peux plus tricher, alors que l’autre est toujours un miroir déformant.
.
D’une connaissance plus conceptuelle, plus objectivante, nous nous ouvrons à une connaisssance plus expérimentale, plus intuitive qui nous met plus en communion avec la réalité et nous comble davantage.
Découvrant le monde, les choses, les personnes, de l’intérieur, nous sommes plus ouverts à leur beauté, leur bonté, leur vérité.
Combien de fois encore nous surprendrons-nous à attendre une approbation, à agir en fonction du regard des autres ou de notre propre regard, à dépendre du jugement des autres et de notre propre jugement positif ou négatif ? Alors nous aurons toujours à reprendre ce célèbre kōan “Mu” qu’on peut résumer par : accepter de n’être rien (aux yeux des autres et de nous-mêmes) pour être tout en nous-même.
.
Si le chrétien recherche la Vérité, ce n’est pas pour elle-même, mais pour mieux connaître, mieux aimer Celui qui est.
Aussi pour lui-même, s’il découvre la Lumière, la Beauté, la Vérité, ce n’est pas pour en jouir mais pour en être témoin.
“Qui suis-je ?” revient à se demander comment je vais rayonner, communiquer cet Être. Il y a bien des manières de faire partager la Beauté, la Bonté, la Sagesse, la Vérité… divine. Chaque personne doit découvrir la sienne pour se réaliser pleinement.
image : auteur inconnu
Devenir perméable à son être
8 septembre 2024
Le chemin de l’Homme : devenir perméable à son être authentique et capable de le réaliser afin, à travers lui, de manifester la plénitude, l’ordre et l’unité de l’ÊTRE, dans toute situation de la vie quotidienne.
Karlfried G. Dürckheïm, extrait de L’homme et la connaissance, 1965.
image : Urania, Muse de l'Astronomie, Giovanni Duprè, 1867, Camposanto monumentale (cimetière historique monumental) de Pise.
S'identifier à l'univers
6 septembre 2024
Extraits de La pesanteur et la grâce de Simone Weil, 1947.
*
Nous sommes une partie qui doit imiter le tout.
L'atman. Que l'âme d'un homme prenne pour corps tout l'univers. Qu'elle ait avec tout l'univers le même rapport que celle d'un collectionneur à sa collection, d'un des soldats qui mouraient en criant : « Vive l'Empereur ! » à Napoléon. L'âme se transporte, hors du corps propre, dans autre chose. Qu'elle se transporte donc dans tout l'univers.
S'identifier à l'univers même. Tout ce qui est moindre que l'univers est soumis à la souffrance.
-
Celui qui n'a pas su devenir rien court le risque d'arriver a un moment où toutes choses autres que lui cessent d'exister.
-
Associer le rythme de la vie du corps à celui du monde, sentir constamment cette association et sentir aussi l'échange perpétuel de matière par lequel l'être humain baigne dans le monde.
-
Aimer le prochain comme soi-même ne signifie pas aimer tous les êtres également, car je n'aime pas également tous les modes d'existence de moi-même. Ni ne jamais les faire souffrir, car je ne refuse pas de me faire souffrir moi-même. Mais avoir avec chacun le rapport d'une manière de penser l'univers à une autre manière de penser l'univers, et non à une partie de l'univers.
Ne pas accepter un événement du monde, c'est désirer que le monde ne soit pas. Or cela est en mon pouvoir pour moi ; si je le désire, je l'obtiens. Je suis alors un abcès du monde.
-
Le rapport entre le corps et l'outil change dans l'apprentissage. Il faut changer le rapport entre le corps et le monde. On ne se détache pas, on change d'attachement. S'attacher à tout. À travers chaque sensation, sentir l'univers. Qu'importe alors que ce soit plaisir ou douleur ? Si on a la main serrée par un être aimé, revu après longtemps, qu'importe qu'il serre fort et fasse mal ?
-
Deux tendances limites : détruire le moi au profit de l'univers ou détruire l'univers au profit du moi.
-
image : mindvrchives